Opération innovation

Cette mission, si vous l’acceptez, il faut la préparer avec des instruments de mesure. En partant pour l’aventure de l’innovation, assurons-nous d’avoir une carte et une boussole, une gourde et un chapeau, pour s’en tenir à un risque maîtrisé.

Rappelons (manuel d’Oslo*) que l’innovation comporte nécessairement ces cinq critères clef :

  • l’incertitude - Il y a toujours une part de risque, et donc d’échec possible ;
  • l’investissement, financier et immatériel - Est pris en compte le long-terme, et non l’exploitation courante ;
  • les retombées - L’innovation doit nécessairement avoir des retombées économiques, contrairement à la R&D pure ;
  • les savoirs - L’innovation suppose l’utilisation d’un nouveau savoir, ou la nouvelle utilisation d’un savoir, ou une nouvelle combinaison de savoirs existants ;
  • le retour - L’innovation doit avoir pour objectif un avantage concurrentiel, ne pas être « gratuite ».

« Évaluer, c'est créer : écoutez donc, vous qui êtes créateurs ! De toutes ces choses évaluées, c'est l'évaluation qui fait des trésors et des joyaux » (Friedrich Nietzsche).

S’en tenir à une certaine dose de hasard, d’intuition et d’irrationnel, ne suffit pas au processus d’innovation.

« Le vrai génie réside dans l’aptitude à évaluer l’incertain, le hasardeux, les informations conflictuelles », affirmait Winston Churchill.

« Ce qui ne se mesure pas, n’existe pas », déclarait le physicien Niels Bohr.

Les entreprises ont à leur disposition une large panoplie d’outils qui leur permet de mesurer cette capacité à s’adapter et à innover.

Au départ, il y a l’idée. Mais une idée ne naît pas de rien, il n’y a pas d’eurêka sorti du chapeau. Nous y reviendrons ultérieurement (« Move-up # 8 » sur le pilotage de la créativité).

Innover, c’est répondre à un besoin, une envie, un usage, représentant une valeur suffisante pour constituer un modèle économique viable. En même temps, qui ne risque rien n’a rien, fortes fortuna juvat. Dans ces conditions, mettre en œuvre une idée, c’est engager du temps et de l’argent dans un projet incertain.

Tout l’art de la mesure de l’innovation consiste donc à équilibrer en permanence le retour sur investissement espéré, face aux risques associés, au moyen d’instruments adéquats.

Mesurer l’innovation, pour une entreprise, c’est évaluer trois points :

  • la culture de l'innovation. Dans quelle mesure est-il prudent de tenter quelque chose de nouveau ? Dans quelle mesure l'entreprise est-elle capable d'intégrer les leçons des succès et des échecs ? Est-il clair pour les collaborateurs qu'ils doivent innover ? Dans quelle mesure ces participants sont-ils incités ou désireux d'innover ?
  • le processus d'innovation. Se concentrer sur les aspects qualitatifs, tels que le rythme des innovations, l'amélioration du processus, ou encore un taux d'échec cible.
  • les résultats et la performance. Les meilleurs pratiques combinent l’utilisation des outils de pilotage d’un projet traditionnel, associés à des instruments qui prennent en compte les particularités de l’innovation.

Évaluer uniquement ce seul dernier point, c’est mesurer un projet. Et non pas la capacité globale de l’entreprise à innover, à affronter et devancer les transformations de ses clients.

Sic transit mundi.

* Manuel d’Oslo, Principes directeurs pour le recueil et l’interprétation des données sur l’innovation - OCDE

Pour approfondir :

https://confere2016.sciencesconf.org/107006/document

http://www.usinenouvelle.com/article/une-methode-pour-estimer-la-valeur-de-l-innovation.N194225

http://archives.lesechos.fr/archives/cercle/2012/10/26/cercle_57410.htm

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